Entre les craques du trottoir: Laura Findlay, Laura Hudspith, Laurel Rennie
Vernissage jeudi le 12 juin, de 17h à 20h
En présence des trois artistes
McBride Contemporain est fière de présenter Entre les craques du trottoir, une exposition réunissant les œuvres de Laura Findlay, Laura Hudspith et Laurel Rennie. Cette présentation explore les forces invisibles qui façonnent notre monde à notre insu, celles qui se déplacent sous nos pieds, palpitent dans nos corps, ou émergent au crépuscule. Leur présence se décèle à condition d’être attentif à ce qui s’infiltre entre les minces fissures de notre perception.
Les peintures de Laura Findlay capturent des instants du monde nocturne saisis à l’aide d’outils qui repoussent les limites de la vision humaine. Les photographies prises au flash, les images provenant de caméras de surveillance et les captures d’écran d’appareils de vision nocturne lui servent de matériel source — des technologies qui révèlent ce que la noirceur dissimule habituellement. Travaillant à plat, elle traduit ces images trouvées en peintures par une technique consistant à essuyer la matière grâce à des couches de solvant qui vient diluer les pigments. Ces interventions font émerger les sujets de l’obscurité, figés dans un moment d’immobilité artificielle. Le travail de Findlay aborde l’ambiguïté inhérente à la photographie : sa capacité à donner vie à un sujet tout en perturbant l’autonomie silencieuse de ce qui se déroulait déjà sous nos yeux.
Une installation de Laura Hudspith se déploie dans la galerie, établissant un dialogue de réciprocité avec son environnement. Plus que simple forme, les matériaux utilisés sont en constante transformation: le cuivre oxyde au contact, la soie réfléchit la lumière et la cire s’assouplit sous la chaleur. Avec ses propriétés curatives et perturbatrices, le cuivre prend diverses formes entre les mains d’Hudspith. Une seconde œuvre murale absorbe et renvoie les énergies de son environnement. Le vitrail évoque les délicats sillons creusés par les insectes sous l’écorce des arbres — des traces révélées au fil des cycles de décomposition et de régénération. Une forme concave en cuivre y est suspendue en apesanteur, recueillant les flux invisibles dans un équilibre dynamique.
Les sculptures et œuvres textiles de Laurel Rennie sont créées par actes d’accumulation, de teinture et de gravure, des gestes qui renvoient aux cycles naturels dont elle s’inspire. Son travail nous invite à une contemplation profonde, là où la frontière entre l’observateur et l’observé s’estompe pour laisser place à un instant de regard réciproque. Sa pratique est imprégnée de folklore, notamment par les matériaux qu’elle utilise, porteurs d’histoires. Des tissus de seconde main, du bois gravé et des teintures botaniques sont assemblés en des œuvres évoquant les traces de limaces, l’écorce cicatrisée ou les strates sédimentaires. Avec ses œuvres, Rennie crée un espace pour l’endurance spirituelle. Un qui met l’accent sur ce que nous héritons, ce que nous transformons, et ce que nous emportons avec nous, fil par fil.
Enfants, nous nous amusions à sauter par-dessus les lignes du trottoir, persuadés que le danger nous attendait dans ces espaces étroits. Devenus adultes, nous continuons d’éviter ces interstices, mais ce qui y pousse insiste pour se faire remarquer. Entre les craques du trottoir s’attarde dans ces ouvertures, nous invitant à nous arrêter là où la surface se dérobe pour faire place aux forces qui y émergent.