Florès
C’est avec un grand plaisir que McBride contemporain entame sa nouvelle année avec Florès, une exposition solo de l’artiste montréalais Stephen Schofield. Réalisée durant une résidence à Limoges au Centre de recherche sur les arts du feu et de la terre, cette série de sculptures figuratives prend pour modèle un sujet unique, figé dans une pose expressive. De cette unicité, l’artiste génère des variations, parfois évidentes, parfois plus subtiles, en moulant et remoulant sans cesse ses figures. À travers le rétrécissement de chaque pièce par rapport à la précédente et la disparition progressive du détail et de la texture au fil des phases de moulage et de cuisson successives de la porcelaine, Schofield crée un cycle de sculptures qui flotte entre la série et l’édition.
Cette stratégie de sérialité se déploie conceptuellement en d’intrigantes implications quant au processus de création, à l’habitude ou à la répétitivité du mouvement et, plus généralement, à notre existence même dans le temps. Ce processus de création (et par le fait même de destruction) porte en lui l’idée à la fois simple et primordiale que ce que nous appelons création et destruction, présence et absence, immuabilité et impermanence constitueraient, non pas des phénomènes figés et distincts, mais plutôt un ensemble de catégories changeantes et fluides. Alors que la résidence tire à sa fin et que les dernières pièces sont coulées, on voit se dessiner ces thèmes d’inversion et de régression qui forment le contrepoint de la série. On découvre en ce processus de dégradation, une nouvelle manière de construire, de créer, résultant un corpus d’une beauté troublante, qui nous séduit autant par sa richesse plastique que sa profonde humanité.