AUTOEFFIGIES
Beth Frey
6 novembre – 20 décembre, 2025
Vernissage le 6 novembre
De 16h à 20h
En présence de l’artiste
McBride Contemporain présente Autoeffigies, l’exposition la plus ambitieuse à ce jour de l’artiste canadienne Beth Frey, de retour à Montréal après des années de succès à l’international. Elle nous livre ici un récit semi-autobiographique à travers une nouvelle série d’œuvres. Après avoir exploré les outils de création d’images lors de la première vague d’intelligence artificielle – des expérimentations qui l’ont propulsée à une notoriété virale – Frey revient au dessin, un langage tactile enrichi d’images générées par machine. Remplie non pas d’hallucinations mécaniques, mais de visions profondément humaines, cette exposition réunit des dessins d’une grande complexité, des vidéos récentes ainsi qu’une série en constante expansion de croquis.
Sous l’apparence de gestes rapides et spontanés, chaque dessin révèle une précision méticuleuse. Ils naissent d’un échange itératif entre la machine et l’artiste : Frey traduit les images générées par l’IA en dessins réalisés à l’aveugle, qu’elle retravaille ensuite à l’aquarelle et au crayon. À chaque étape, de nouvelles distorsions apparaissent, superposant le geste à l’algorithme. Grâce au liquide de masquage, un léger biseautage apparaît, évoquant les premiers filtres numériques. Les surfaces, vivantes et instables, révèlent les traces de leur fabrication et privilégient le processus, laissant la construction de l’image visible et tactile.
Plusieurs œuvres vidéo accentuent cette tension, transformant le dessin en performance. Grâce à un écran vert, Frey met en scène son propre corps et interagit avec ses aquarelles afin d’entrer dans l’espace pictural de celles-ci. L’énergie caricaturale des œuvres vidéo fait écho au caractère tactile des dessins, laissant percevoir la présence incarnée de l’artiste dans l’espace numérique.
Une ligne directrice claire se dessine dans l’œuvre de Frey: des corps drôles, sexy et volumineux, des couleurs vives et des thèmes sombres. Ils dansent dans l’espace dans toute leur complexité, sensuels voire même sexuels, uniques et imparfaits là où l’IA uniformise. Ici, Frey utilise le genre de l’autoportrait comme une figure de style. Ses avatars, aux cheveux blonds et au nez retroussé, sont féminins et mignons, mais aussi pervers et monstrueux.
Des références mythologiques émergent et font écho à la relation changeante de l’artiste avec la technologie générative: Faust, qui échange son âme pour un savoir interdit ; Frankenstein, qui donne vie à une créature artificielle avant d’en perdre le contrôle ; et Pygmalion, qui tombe sous le charme de sa propre création. S’éloignant de l’hyperréalisme de l’imagerie numérique, Frey mise sur des matériaux tactiles, des croquis grossiers, des accessoires faits maison et des outils obsolètes. Elle y introduit des qualités profondément humaines : la texture de l’erreur et la chaleur de l’imperfection. Là où l’IA lisse et polit le corps, Frey le replie et le déforme.
Traduction libre d’un texte de Mikhel Proulx
Beth Frey (née en 1980 à Calgary, Alberta) est titulaire d’une M.A de l’Université Concordia et d’un B.A de l’Université de Victoria. Elle a présenté ses œuvres dans de nombreuses expositions individuelles au Canada, au Royaume-Uni, aux États-Unis et au Mexique. Son travail a également été inclus dans des expositions collectives majeures, notamment au Museo Cabañas à Guadalajara (Mexique), au Dowse Art Museum à Lower Hutt (Nouvelle-Zélande), et au Musée d’art de Joliette. Ses collaborations avec le collectif vocal expérimental Phth ont été présentées à la Biennale FEMSA 2024 à Guanajuato (Mexique) ainsi qu’à la Société des Arts Technologiques à Montréal en 2025.

